L’aptitude à percevoir les émotions d’autrui constitue une caractéristique fondamentale de l’être humain. Mais il est important de savoir à quel moment il devient nécessaire de s’en protéger, et comment.
Selon le primatologue néerlendais Frans de Waal, les réactions d’empathie s’observent chez tous les mammifères. « Nos cerveaux ont été conçus de sorte que la ligne qui sépare le moi et autrui soit trouble. Il s’agit d’un circuit neuronal ancestral, spécifique à l’ensemble des mammifères, de la souris à l’éléphant. » (L’Âge de l’empathie (Actes sud, 2011)).
Cette aptitude facilite la cohésion, la survie et les capacités de reproduction des groupes sociaux. Cela explique pourquoi les rires et les bâillements sont si contagieux.
Chaque personne que nous rencontrons émet une énergie particulière, qui dépend généralement de son humeur. Sa posture, ses expressions de visage, sa voix, ses actions et ses mots sont guidés par la force des émotions qu’elle éprouve à ce moment précis. Donc, lorsque nous entrons en interaction avec elle, nous nous exposons à cette énergie, comme on s’expose aux rayons du soleil. C’est une excellente chose lorsque la gaieté de notre conjoint remonte notre moral en berne, ou si la tension que nous percevons immédiatement nous aide à pressentir un danger potentiel.
Toutefois, le chagrin de notre ami au cœur brisé, le stress de notre patron ou l’agressivité du conducteur qui nous apostrophe à un feu rouge peut se transformer en véritable fardeau émotionnel.
Ajoutez à cela le flux continu d’actualités mondiales dont nous abreuvent les réseaux sociaux : nous voilà bombardés en permanence par un cocktail d’émotions collectées aux quatre coins de la planète. Ainsi baignés dans un torrent d’émotions, il devient difficile de distinguer les nôtres de celles des autres. Au point, parfois, de se sentir vidés, épuisés.
Mais comment préserver son équilibre émotionnel si vivre au sein d’une communauté retirée, sans réseau Wi-Fi, ne constitue pas une option réaliste ?